Beaucoup, beaucoup d'années et six opus plus tard : El Presidente est toujours là, dans son paradis tropical ! Le studio, qui passe de Haemimont Games à Limbic Entertainment a peut-être un peu trop abusé du soleil cependant, car il y a une certaine fatigue qui se fait ressentir. Toutefois, les fans de la série devraient avoir plaisir à revoir le visage familier de notre dictateur préféré.
Pour ceux qui débutent : Tropico est un jeu de construction et de gestion de ville, sur le thème de la "république bananière" tropicale. Vous incarnez El Presidente, le dirigeant de cet archipel et devez de ce faîte remplir les tâches quotidiennes qui lui incombent. Ainsi, vous voilà à mettre en place des exploitations agricoles, des usines de traitement des déchets, des logements pour votre population et toutes sortes de bâtiments de loisirs et d'administration.
Le jeu est un cliché d'une république communiste, comme l'URSS. Que ce soit à travers les différents mécanismes politiques à utiliser pour assurer sa réélection, les" accidents" de vos opposants : tout transpire la parodie. La série tire pleinement parti de tous les clichés de son thème. Équilibrer budget, compte en banque suisse, bonheur de la population, divers groupes internes comme les communistes et les capitalistes. Il faut s'habituer à tout ce petit monde.
Cette fois-ci, il n'y a pas de campagne, mais plutôt une sélection de scénarios avec des récits uniques et des tâches différentes selon le sujet : de la gestion criminelle à la logistique en passant par la diplomatie. De plus, les îles solitaires ne le sont plus vraiment, vous avez désormais accès à un véritable archipel, ce qui vous force à mettre l'accent sur les transports en commun. De nouvelles lignes de bus, tunnels et ponts aident les habitants à se déplacer de leur domicile à leur lieu de travail. Plus votre république s'agrandit, plus vous devez dépenser en moyens de transport. Pour les personnes habituées aux jeux Simcity et Cities: Skylines, rien de spectaculaire. C'est toutefois une fonctionnalité agréable à avoir en main dans cette licence, qui améliore la planification urbaine. Les plus grandes cartes sont néanmoins assez difficiles à gérer et la microgestion des et des individus finit presque par devenir impossible sur la fin.
Parmi les autres nouvelles fonctionnalités, citons la capacité esthétique mais purement inutile de personnalisation de votre palais, la tenue de discours électoraux pour renforcer la confiance de votre peuple, un nouveau système de recherche pour déverrouiller les bâtiments, ainsi que les merveilles du monde tant vantées que vous pouvez voler (oui, vous pouvez piquer la Tour Eiffel ou la statue de la Liberté, comme dans la bande-annonce). Vous avez même la possibilité de mettre en place des attractions touristiques : mais c'est nouveautés posent problème. En effet, ce sixième opus met de la distance avec le thème totalitaire des tropiques. Ils apportent des avantages considérables en matière de gameplay, mais il y a une fracture dans l'idée que l'on se fait d'un jeu Tropico.
La version d'évaluation que nous avons utilisée n'était pas une version complètement finale. Certains problèmes techniques pourraient donc être résolus d'ici la sortie du jeu. La construction de routes était particulièrement problématique dans les zones restreintes, qui auraient dû disposer de beaucoup plus d'espace. De plus, certains événements se répètent encore et encore, ce qui semble être un oubli ou un bug évident à corriger.
Visuellement, le nouveau Tropico est beau à regarder avec ses mers bleues, ses paysages luxuriants et ses changements de décors d'une carte à l'autre. Le passage des tropiques par défaut à des îles désertiques et arides est bienvenu et donne à différents scénarios une réelle identité. La problématique n'est pas que Tropico 6 est graphiquement moche, au contraire. Mais il n'y a pas tant de différence avec le jeu précédent malgré les progrès réalisés au cours des cinq dernières années (sorti en 2014). L'audio se débrouille assez bien avec des thèmes familiers, allant de rythmes latinos a des musiques insulaires généralement décontractés.
La plus grosse erreur commit par Tropico 6, et c'est rare de critiquer un jeu pour cela : il est trop gros. Beaucoup trop de fonctionnalités sont superficielles et en dehors du thème de la licence. Toutefois, ne jetez pas la pierre à El Presidente. Le jeu reste une dictature agréable, drôle parfois, mais la prochaine version doit réinventer la formule ou abandonner le thème.