Medal of Honor: Above and Beyond

A la fin des années 90, Steven Spielberg et Dreamworks créaient le premier jeu Medal of Honor. Après avoir réalisé l'impressionnant film Il faut sauver le soldat Ryan, Spielberg et ses collaborateurs voulaient proposer un jeu qui présenterait les horreurs de la seconde guerre mondiale avec autant de force que le long-métrage. Comme vous vous en souvenez peut-être, les deux contenaient notamment la scène marquante du débarquement sur les côtes françaises. Medal of Honor avait très bien fonctionné et il n'est donc pas surprenant que 15 autres titres aient été proposés au fil des années. Medal of Honor : Warfighter avait cependant été un gros flop en 2021 et semblait marquer la fin de la licence.

Elle est pourtant de retour avec Respawn Entertainment aux commandes, en mission pour lancer une nouvelle ère. Lorsque Dreamworks a produit le premier Medal of Honor, il s'agissait d'une expérimentation pour l'entreprise. Medal of Honor: Above and Beyond ne prend pas non plus le chemin le plus simple puisqu'il s'agit d'une expérience totalement en VR. Fort heureusement, les développeurs ont passé beaucoup de temps à travailler sur une approche accessible et ne visent donc pas simplement les fans hardcore de la VR. Cinq grandes missions pour 56 sous-missions sont ici proposées. Certains chapitres sont très courts, notamment au début, et ne contiennent parfois pas plus qu'un personnage qui nous parle ou une séquence d'action dans un espace étriqué. Respawn Entertainement prend également son temps pour introduire les mécaniques de jeu afin de réduire la motion-sickness potentielle.

Medal of Honor: Above and Beyond fait directement la démonstration des forces de la VR, à commencer par son menu principal. Il est en effet implémenté dans une pièce pleine de détails dans le quartier général du service militaire OSS. Nous pouvons par exemple prendre les objets en main et les contempler ou utiliser une machine à écrire. Dès que l'action commence, nous sommes frappés par le contrôle intuitif et réaliste des armes, ce qui nous emmène à plusieurs réflexions. Si nous voulons recharger, nous devons par exemple jeter notre cartouche vide avant d'en attraper une autre sur notre ceinture. La plupart des armes nous demande d'ailleurs de retirer le percuteur avant de passer à la prochaine étape. Ce rechargement manuel vous donnera sans aucun doute de grosses montées d'adrénaline sur le champ de bataille. Cet aspect de l'immersion bénéficie également de la manière intuitive dont nous nous déplaçons dans les environnements en 3D, où nous devons bouger notre tête pour changer de perspective. Le mieux dans tout ça, c'est sans doute que nous pouvons nous pencher sur le côté afin de regarder en restant caché derrière un mur ou nous accroupir pour nous protéger. Le titre peut parfois être épuisant, d'autant plus si l'on y joue debout, mais puisque l'on travaille à la maison ces derniers temps, cela ne peut pas faire de mal !

Tant que nous sommes sur les éléments réalistes et intuitifs, Above and Beyond en propose beaucoup. Mettre une seringue dans notre torse ou dégoupiller une grenade avec nos dents se fait comme nous l'imaginons dans la vraie vie. Certains objectifs spéciaux utilisent d'ailleurs très bien la VR et ses avantages. Faire usage d'un détecteur de métaux dans des jumelles afin de trouver des mines ou la position des ennemis par exemple. Certains passages de rail-shooting nous demandant de tirer sur des nazis en étant dans le side-car d'une moto ou sur la tourelle d'un tank font également partie de ces moments. Ces séquences sont tout sauf réalistes, mais elles sont très amusantes et collent à la tonalité de Medal of Honor qui a toujours épousé ce côté comics et films d'aventure des années 50 et 60, dépassant le traumatisme de la guerre avec une atmosphère bien différente.

Si ces séquences sont agréables, elles soulignent l'un des problèmes du jeu. La réalité virtuelle est parfaite pour nous faire vivre à quel point la guerre peut être horrible, mais ils ont ici choisi de mettre Above and Beyond dans une enveloppe cartoon. Peut-être qu'il est volontaire que les personnages ne soient pas trop réalistes, mais après avoir joué à Half-Life: Alyx et Star Wars Squadrons, c'est assez décevant. Le timing des dialogues est également assez moyen tandis que les animations des personnages sont hachées. La manière dont les ennemis laissent tomber leurs armes m'a parfois rappelé le tout premier Medal of Honor, ce qui n'est pas vraiment un compliment en 2020. On pourrait penser que ce n'est pas si grave qu'une arme qui tombe se retourne brutalement à l'horizontale et "flotte" au dessus du sol, mais en VR ce genre de défauts est d'autant plus flagrant qu'il nuit à l'immersion et dessert les environnement si spectaculaires du titre.

Ces éléments irréalistes sont particulièrement regrettables car le jeu propose des petits films documentaires qui dénotent complètement. Voir des vétérans parler de leur expérience est touchant, d'autant que l'on voit bien que cela a eu un énorme impact sur eux. Il est donc dommage que le jeu ne respecte pas ce ton, mais c'est également compréhensible. Le titre s'adresse en partie aux fans de la vieille école qui aiment l'action spectaculaire et veulent simplement s'amuser en tuant des nazis. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire de leur tirer dessus pour les tuer puisque nous disposons aussi d'un couteau et de divers objets que nous trouverons, comme une fourche ou un couteau de cuisine. Beaucoup de sang sera versé au cours de la partie, mais rien de comparable au film de Spielberg mentionné plus haut.

Medal of Honor: Above and Beyond est une expérience très divertissante. Si les missions se finissent souvent assez soudainement et que le titre n'est pas aussi impressionnant dans sa mise en scène que les Call of Duty, la VR ajoute un charme particulier qui n'en fini pas de nous surprendre. 1200 personnes auraient travaillé sur le jeu, et cela n'est pas étonnant quand on voit son niveau de détails. Above and Beyond pourrait faire partie de ces jeux capables de convaincre ceux qui ne connaissent pas encore la VR, mais les habitués risquent de ressentir les approximations dans les contrôles que l'on ne retrouve pas dans certains autres titres. Mettre deux armes sur vos deux épaules est assez perturbant. Gérer votre inventaire et ramasser des objets peuvent parfois également causer quelques problèmes. Le titre aurait globalement gagné à être peaufiné sur plusieurs aspects, mais pas celui de la conception des maps qui sont de grande qualité (quoi que leur contenu est un peu statique).

Côté multi, c'est la routine. Le mode est amusant mais ne motivera pas les joueurs sur le long terme. Il souffre en effet de ne pas permettre de montée de niveaux comme la plupart des autres shooters. L'un des modes mutli se nomme Mad Bomber et nous devons y poser des bombes que les autres doivent trouver avant qu'elles n'explosent. S'ils y arrivent, ils remporteront alors de nombreux points. Nous devrons cependant attendre de voir si Respawn Entertainment va en ajouter d'autres et s'ils apporteront des améliorations sur cette partie du jeu. La campagne solo offre quant à elle quelques collectibles et permet de débloquer plusieurs personnages pour le multi. Lorsque vous serez suffisamment familiers avec la campagne, il sera alors temps pour vous de découvrir le mode survie.

En résumé, Medal of Honor: Above and Beyond est un opus digne de la licence. Il impressionnera les nouveaux venus dans le monde de la VR, mais les habitués se plaindront peut-être de la configuration qu'il requiert et des contrôles approximatifs. Le côté cartoon du jeu ne plaira pas à tout le monde, mais les éléments documentaires du titre sont des immanquables. C'est d'ailleurs l'aspect d'Above and Beyond qui lui apporte une véritable plus-value en mettant en lumière son contexte historique. C'est également l'aspect via lequel transparait avec le plus de succès l'ambition qu'avaient Steven Spielberg et Dreamworks pour le premier Medal of Honor.