Oui, nous nous sommes moqués en entendant que Crytek prévoyait de sortir un nouveau shooter en ligne. Mais après y avoir joué en Early Access et surtout une fois la sortie officielle passée, nous devons avoué être bluffé. Ce jeu au nom certes un peu générique prend tout son sens une fois que l'on a pu le tester.
Une partie typique débutera par l'éponyme Hunt (chassez). Les joueurs, seuls ou aidé d'un ou deux amis, devront trouver et fermer des failles inter-dimensionnelles tout en affrontant des morts-vivants. Une fois que suffisamment d'indices ou de marqueurs sont rassemblés, c'est l'heure du Showdown (la confrontation), dans laquelle les survivants doivent s'affronter entre eux pour rejoindre la sortie et vaincre.
Bien que Hunt : Showdown emprunte quelques unes de ses mécaniques clés au genre du Battle royale, il n'apparait pas comme un jeu tentant de s'approprier une mince part du gâteau Fortnite. Les fonctionnalités sont appuyées par des décisions de design intelligentes qui différencient de manière assez radicale le titre des autres BR. Décisions parmi lesquelles on trouve premièrement le cadre mais aussi le nombre réduit de joueurs dans chaque partie.
Les cartes (qui s'élèvent pour le moment au nombre de deux), placent les joueurs dans des marais de Louisiane, distinguant instantanément Hunt de ses rivaux. Et nous avons été tout de suite happé par l'esthétique et l'univers retro-arcanique du monde du titre. Sombre, crispé et assez unique tout en apportant une dose d'horreur aux affrontements contre l'environnement et les autres joueurs.
Le bayou dans lequel se déroule Hunt : Showdown est parsemé de vieux bâtiments en bois et autres cabanes forestières, il est également peuplé de créatures horrifiques qui se feront un plaisir de vous dévorer au moindre faux pas. Les parties débutent alors que les joueurs repèrent leurs objectifs. Ils devront ensuite partir à la recherche d'équipement tout en évitant les morts-vivants (vous pouvez les éliminer mais la discrétion est plus sûre).
Les artistes de Crytek ont réussi à donner vie aux marais grâce à un savant mélange de textures et d'effets atmosphériques (par conséquent, le jeu est assez exigeant en termes de specs). Ceci dit, si le design visuel est bluffant, c'est le travail sur le son qui nous a le plus impressionné. Des discrets thèmes d'avant-partie à l'utilisation de sons en 3D pour vous immerger le plus possible, utiliser ses oreilles sera primordiale pour déterminer l'emplacement d'ennemis. Les coups de feu auront évidemment un rôle primordial dans le repérage mais les cartes sont également remplies d'éléments sonores : portes, branches ou verre de fenêtre qui craque sous vos pieds...
Étant donné le cadre, l'arsenal correspond à l'époque et renforce l'immersion. En revanche, sous-jacent à la progression, vous trouverez un système de déblocage inutilement compliqué. Vous pouvez certes donner du meilleur équipement à votre chasseur pour lui faciliter la vie dans les marais mais après quelques niveaux, on vous retirera les roulettes du vélo et si votre personnage meurt, il disparait pour de bon. Vous pouvez toujours reprendre le grind mais la permanence de la mort est particulièrement douloureuse lorsque votre dernière partie s'est mal terminée.
Il y a deux façons de jouer au jeu à l'heure qu'il est. La première, Bounty Hunt (Chasseur de prime), permet aux joueurs de former des équipes de deux ou trois - ou de jouer seul - pour compléter les objectifs sur la carte et ensuite d'affronter un ou plusieurs boss. Une fois tués, ces monstres doivent être bannis, une action qui prend du temps et qui signale votre position aux autres joueurs. En revanche, une fois le monstre banni, vous n'aurez plus qu'à foncer vers la sortie de la map. En cas d'échec, vous perdrez la moitié de l'expérience gagnée pendant la partie.
Le Bounty Hunt est étayé par une variante solo qui propose des parties plus courtes sans boss. A la place, vous êtes placés face à une poignée d'autres joueurs qui doivent fermer des failles inter-dimensionnelles avant d'ouvrir le "Wellspring", la Source. A ce moment se déclenche une autre confrontation et les autres chasseurs doivent éliminer celui qui ouvre la Source avant le temps imparti. Ces parties se terminent bien plus vite et permettent au vainqueur d'utiliser une version boostée du personnage qui l'a fait gagner dans le mode principal.
Il n'y aura jamais plus d'une douzaine de joueurs dans une partie. Un chiffre certes petit, mais qui permet à Hunt : Showdown de ne pas se transformer en fusillade permanente, ce qui retirerait toute la tension. De plus, savoir qu'il n'y a qu'un faible nombres de vrais joueurs en face de vous est, d'une certaine manière, réconfortant lorsque vous êtes dans une mauvaise passe. Au final, nous trouvons bonne l'idée de réduire le nombre de joueurs dans une partie. Ceci dit, le titre a beaucoup de potentiel pour de nouveaux modes et de nouvelles cartes qui changeraient la dynamique, ajouts qui seraient chaleureusement accueillis.
Derrière le monde, les modes de jeu et le mélange d'action et d'infiltration se trouve un complexe envers du décors dans lequel vous pourrez améliorer vos personnages. Et c'est là que se trouve notre principal regret. Même si certains joueurs pourront ajuster à la perfection leurs statistiques et sauront profiter de la profondeur de ce système, il faut signaler qu'il est surtout là pour inciter à dépenser dans des micro-transactions. Étant donné la manière dont l'XP a été monétisée, la présence de DLC payant et le faible nombre de modes de jeu, certains trouveront sûrement la note un peu salée.
Cela fait longtemps que Crytek n'a pas sorti un bon jeu, le studio semblait au bord de la rupture mais Hunt : Showdown arrive à point nommé. L'atmosphère est fantastique, le principe unique. Bien que le jeu pourrait étayer un peu son contenu et réduire l'impact des micro-transactions dans la progression, Hunt : Showdown reste un shooter innovant de choix pour quiconque est à la recherche de nouveauté et de sensations.